La christianisation
du Couserans
 
Le Christianisme aurait été introduit en Couserans au IV° siècle, dans la cité romaine de Lugdunum, l'actuel St-Lizier. C'est l'époque où le christianisme achève de se répandre dans toutes les villes de l'empire romain.
Il aurait été introduit par un certain Valérius, le premier évêque de la cité qui aurait fait installer une croix sur le Mont-Valier, le sommet, sinon le plus haut, du moins le plus visible du Couserans. Plus tard, le nom de l'évêque aurait été donné à ce mont.
Tout ceci est au conditionnel, car les documents sont rares et imprécis.
A tel point qu'on peut se poser une question : Le Mont-Valier a-t-il reçu le nom de l'évêque ou a-t-on, par la suite, inventé un évêque auquel on aurait donné le nom du sommet ?
Pourquoi aurait-on agi ainsi ? Quand le christianisme chercha à s'implanter, il se heurta à des religions anciennement établies et pratiquées, les innombrables religions païennes de l'empire romain.
Les populations adoraient des éléments naturels, des arbres, des bois, des eaux, des sommets. C'était le cas dans les Pyrénées et en Gaule plus généralement. Du fait du rôle qui était le sien, on peut penser que le Mont-Valier faisait l'objet d'un culte chez les peuples qui habitaient alors la contrée. Certes, rien ne l'atteste. Aucune inscription à un dieu Valier n'a jamais été trouvée (alors qu'on a, au pied des Pyrénées, trouvé des inscriptions adressées par exemple à des dieux arbres), mais on sait que, très souvent, au début de la christianisation et pour la faciliter, l'Eglise a voué au culte du nouveau dieu les sanctuaires païens ! Désormais, en s'adressant au Mont-Valier, les populations s'adressaient à l'évêque qui portait ce nom, et par conséquent au Dieu des Chrétiens. Ce schéma a été généralisé lors de la christianisation de l'Europe. Il a pu être localement appliqué.
Mais, dans ces tout premiers temps, la christianisation de l'Europe est un phénomène essentiellement urbain et, en Couserans, elle ne doit guère s'étendre au-delà de Lugdunum. Il faut attendre 506 pour connaître avec certitude l'existence et le nom de l'évêque de Lugdunum : un certain Glycerius qui donnera son nom à la ville : Saint-Lizier.
Ces siècles, ceux du premier Moyen-Age, sont mal connus. pour constater une présence du christianisme hors de St-Lizier, il faut attendre le X° siècle qui voit la construction des premières églises. Le mouvement va se poursuivre pendant les deux siècles suivants et le Couserans connaît sa floraison d'églises romanes. Mais, à la fin du XIII° siècle, "persistaient une foule de superstitions, "des femmes se vantant d'aller la nuit à cheval avec Diane", démon des forêts qui hantaient les arbres, fées".
Vers la même époque, les régions voisines du Midi de la France, y compris du proche val d'Ariège sont affectées par le catharisme. Le Couserans reste en marge de ce mouvement. Le catharisme est un mouvement à l'intérieur du Christianisme. Le Couserans, même si des églises y ont été construites, est-il réellement christianisé, en dehors de la capitale du diocèse : St-Lizier ?
La même remarque vaut pour le protestantisme qui, lui aussi, au XVI° siècle, toucha des régions très proches, le val d'Ariège encore, le Comté de Foix et même les marges  du Couserans cette fois avec Le Mas d'Azil. Le Couserans en subit cependant des retombées, puisque des localités (St-Lizier, St-Girons, Massat) furent attaquées, parfois saccagées, par les Huguenots et qu'une partie du territoire, le bas-Couserans sortit épuisé des 30 ans de guerre civile.
Les siècles qui suivent, en particulier de la fin du XVII° au XIX°, vont voir une reprise de la construction d'églises, un phénomène que l'on peut expliquer de deux façons. On peut y voir le zèle du clergé, la foi d'une population, la nécessité liée à un indéniable accroissement démographique. Et il est vrai que les églises en question sont de dimension imposante pour accueillir d'importantes assemblées.
mais on peut voir aussi dans ces constructions nouvelles la conséquence de l'absence d'églises ou du délabrement de constructions dont les populations locales ne se souciaient guère.
Et de fait, le Couserans, bien que non concerné par les hérésies, va connaître certains aspects de la Contre-Réforme catholique qui se développe au XVII siècle, à tel point que les églises qui se construisent (Aulus, Ercé, Massat, Caumont ...) sont souvent construites sur le modèle de l'église du catholicisme triompant : le Gesù de Rome, l'église des Jésuites, ces nouveaux évangélisateurs.
Les évêques s'attachent à la nécessaire formation du clergé en ouvrant un séminaire.  Ils mettent en place des oeuvres de charité, agrandisant, construisant des hôpitaux ; ils créent une école de filles ; ils font prêcher des missions, organisent le catéchisme. Ils cherchent en fait à christianiser enfin ce territoire.
 

Quelques indices semblent montrer l'ampleur de la tâche à accomplir :

La christianisation du Couserans, terre rebelle à l'Eglise, semble donc avoir été un phénomène récent. Une conséquence de cette christianisation tardive pourrait être l'abondance des croix dans le paysage.
 
 
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