Les tours à signaux
en Couserans
De réelle tour à signaux,
il semble qu'il n'y en ait qu'une en Couserans, la Tour Laffont, au dessus
de Massat et à l'extrémité orientale du Couserans,
sur les limites avec le pays de Foix et la vallée de l'Ariège.
Mais la pratique des signaux à
base de feu existait en Couserans, comme dans le reste des Pyrénées.
C'est un visiteur du XVII° siècle, Louis de Froidour, un envoyé
du roi Louis XIV, chargé de vérifier l'état des forêts
dans le grand sud-ouest qui en atteste. Passant par Seix et continuant
à remonter le Salat, il voit les châteaux de Mirabat et de
Lagarde au sujet desquels il dit, dans une lettre qu'il adresse à
Louis de Héricourt, procureur du roi resté à Toulouse
"qu'ils ne sont plus que des ruines, mais qu'autrefois ils servaient à
la transmission des renseignements par feux dans les vallées".
La question est dès lors
de savoir avec quels autres sites ces châteaux pouvaient bien communiquer
par feux ! mais une étude attentive de la carte à 1/25.000
et une pratique du terrain montre un certain nombre de sites qui présente
des caractéristiques communes :
- localisation sur des crêtes
offrant un large panorama avec vue sur les fonds de vallées et vue
sur d'autres sites aux caractéristiques identiques,
- voisinage de mégalithes
et/ou de courets,
- voisinage d'un espace fortifié,
le plus souvent par utilisation de barres
rocheuses naturellement en place,
- présence fréquente,
aujourd'hui, d'une croix sur ces sites.
On retrouve ces caractéristiques
fréquemment autour de Lacourt où
tout un réseau de surveillance et de défense avait été
mis en place.
Entre Lacourt et Mirabat, un site
identique devait se trouver sur la crête au dessus de Soueix et de
Kerkabanac, vers 800 m, au niveau du lieu-dit "le
Couret".
En amont de Mirabat,
- le Tuc de Peyre Mensongère
(la pierre messagère), sur la crête qui sépare le Salat
de l'Alet, Couflens d'Ustou a très certainement joué ce rôle
et a dû même être un des sites-clefs du système
de surveillance dans les hautes vallées du Salat à l'est
du Mt Valier.
- le site du tuc de Caraup (1120 m) entre le tuc de l'Adosse
(1669) et Ercé (615 m), proche du Camp
et faisant face à Camp Subra, bénéficiait d'une vue
remarquable sur le haut-Garbet en amont d'Aulus et pouvait communiquer
avec Mirabat par l'intermédiaire de Miramont ("regarde en haut",
de même que Mirabat signifie "regarde en bas")
On trouve encore de tels sites autour
de Saint-Girons, matérialisés aujourd'hui par de grandes
croix (peintes en blanc pour être mieux visibles) sur les hautes
collines qui encadrent la ville : au sud-ouest : la croix de Pouech (644
m) dans la commune d'Eycheil, au sud-est : la croix de Garrié à
859 m dans la commune d'Encourtiech (et au dessus du château du même
nom), au nord-est : la croix de Montcalibert (677 m) à St-Lizier.
la situation est moins nette au nord-ouest, mais le château de Montégut
ou celui de Buhebarbe pouvait remplir cete fonction.
De ces quatre points, la visibilité
est entière avec les sites situés en amont (Lacourt, Moulis
, la vallée du Baup) ou en aval (le castéras de Caumont)
et avec le centre stratégique de Saint-Lizier.
Ainsi tout déplacement suspect
était immédiatement connu et signalé.
1 : Croix de Montcalibert ; 2 :
castéras de Caumont ; 3 : château de Montégut ; 4:
croix du Pouech ; 5 : croix de Garrié ; 6 : les Tourons de Lastès
; 7 : Castérots à Sengouagneich ; 8 : le Couret à
Soueix ; 9 : Mirabat ; 10 : Miramont ; 11 : tuc de Caraup à Ercé. |
1 : Garonne
2 : Salat
3 : Lez
4 : Baup
5 : Arac
6 : Garbet
7 : Alet
8 : Volp
9 : Arize
1 : St-Girons
2 : St-Lizier
3: Castillon
4 : Oust
5 : Massat
6 : Ste-Croix Volvestre
7 : Le Mas d'Azil
8 : Labastide de Sérou
V : Mt-Valier |
Parmi ces sites, il y avait vraisemblablement une hiérarchie.
Certains présentaient un intérêt plus local, mais ils
s'inséraient tous dans un plan d'ensemble.
Des
fortifications naturelles :
Il y a d'abord, comme pour les
courets, la présence fréquente de falaises ou tout au moins
de versants très raides, mais on rencontre d'autres caractéristiques.
Elles se remarquent particulièrement
au dessus de Soueix, au lieu-dit Le Couret.
Juste au nord de l'enclos empierré, sur le mamelon qui culmine à
841 m, sous un couvert forestier, la roche calcaire a été
localement érodée. Des pans de roche de un à deux
mètres de haut se dressent qui forment autant de protections ou
d'abris.
Un même terrain se retrouve
au tuc de Caraup, à Ercé
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